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Visite du rucher Gwenan

Visite du rucher Gwenan

À partir du 25/06/2017

Gwenan, les ruchers solidaires de Bretagne est une association ayant pour objectif de développer l’implantation des ruchers sur le territoire et de mener des actions de pédagogie environnementale autour de l’abeille à destination du grand public, des écoles et des professionnels. Depuis 2 ans La Gambille parraine une ruche afin de soutenir la démarche. Pour en savoir plus sur Gwenan : http://www.gwenan.bzh/
 

C'est sous les chaleureux auspices du soleil qu'une dizaine d'employés et d'adhérents de la Gambille ont visité, dans l'après-midi du mercredi 14 juin, la réserve Paule-Lapicque de Ploubazlanec. À l'arrivée sur ce domaine géré par l'association Bretagne Vivante, une vue surplombante de la pittoresque baie de Paimpol attendait les visiteurs.

Une histoire de plusieurs millions d'années

Apiculteur « tombé amoureux des abeilles voilà quatorze ans » et parrainé par la Gambille, Didier Ducauroy a donné d'abord exposé aux visiteurs quelques généralités historiques, techniques, éthologiques. On y apprend que les plus anciennes abeilles existent depuis cent millions d'années et que les plus anciens spécimens fossilisés sont rigoureusement identiques à ceux que nous connaissons ou encore que des peintures rupestres des Cuevas de la Araña (Espagne) informent que les hommes récoltent le miel depuis au moins 6000 à 8000 ans !

Les abeilles, vénérées par les Egyptiens

Les Égyptiens disaient les abeilles nées des larmes de Râ, le dieu solaire, raconte encore Didier Ducauroy. Ils utilisaient déjà le miel, la propolis, la cire et le pollen et concevaient des ruches en paille itinérantes, qu'ils promenaient sur des bateaux naviguant sur le Nil et ouvraient devant les champs de lavande. De fait, le plus ancien miel connu aurait été découvert par des égyptologues anglais qui, le goûtant, découvrirent que, âgé de plusieurs millénaires, il était resté intact et n'avait pas perdu son goût !

Dans des conditions idéales de conservation, le miel ne connaît donc pas la péremption. Si les vertus naturellement antibiotiques, antivirales et antifongiques font la renommée de la propolis, on sait moins que les Égyptiens s'en servaient aussi pour la conservation des momies.

Les problématiques actuelles d'extinction

Un grand bond dans le temps nous conduit en 1948, date depuis laquelle une loi protège l'abeille. Avant, explique l'apiculteur, la méthode commune consistait à étouffer la ruche dont on voulait extraire le miel – entraînant donc la mort du cheptel. S'ensuivait un procédé de fonte du miel devant le feu de la cheminée, avec tamisage, donnant un produit mêlant au miel du venin d'abeilles. L'hydromel (ou chouchenn) contenait alors du venin d'abeille, dont la propriété anesthésiante pour le cervelet explique pourquoi les consommateurs tombaient à la renverse.

Jusqu'aux années 1970, la reproduction des abeilles se déroulait correctement. Puis, sont apparus les produits tels que le Gaucho, un insecticide systémique [https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaucho_(insecticide)] du groupe Bayer provoquant une hausse de la mortalité. Le problème des pesticides, d'ailleurs, exige aujourd'hui des apiculteurs qu'ils cherchent les lieux le plus reculés et sauvages possible. De sorte que, le plus souvent, même sans le label bio, la pratique des professionnels s'en rapproche souvent par nécessité. L'apiculture est une activité fragile et faible face aux lobbies de l'agrochimie.

M. Ducauroy a ainsi expliqué qu'en cas de mort massive liée, par exemple, à l'épandage d'intrants chimiques à une heure inhabituelle, le producteur fait appel à un vétérinaire référent. Et, si l'analyse confirme la présence d'une molécule présente dans les produits répandus par un agriculteur conventionnel des environs, la responsabilité ne revient pas à ce dernier mais à son fournisseur : l'apiculteur, s'il veut porter plainte, doit donc le faire directement contre le laboratoire. D'où l'utilité d'un syndicat tel que l'Union nationale de l'apiculture française [https://www.unaf-apiculture.info/], dont une bonne partie des cotisations récoltées sert aux procédures judiciaires.

Le fonctionnement des ruches

Une ruche peut contenir jusqu'à 60 000 abeilles, dont mille mâles (les faux bourdons [https://ruche.ooreka.fr/comprendre/faux-bourdon]). À sa naissance, la reine vierge s'envole hors de la ruche, suivie d'une nuée de faux bourdons, puis est fécondée par une dizaine d'entre eux, qui meurent instantanément. Elle pondra ensuite 2000 œufs par jour durant toute sa vie, c'est-à-dire pendant trois à quatre ans. À titre comparatif, une abeille ordinaire ne vit que 45 jours.

Didier Ducauroy avance que la gelée royale, nourriture exclusive de la reine, explique peut-être cette exceptionnelle longévité. Dans la ruche, le travail des abeilles est incessant : elles nettoient, construisent (les abeilles architectes), gardent l'entrée, vont chercher le pollen et le nectar. Quand naît une nouvelle reine, l'ancienne quitte la ruche avec la moitié de ses abeilles, pour aller fonder une nouvelle colonie, tandis que la nouvelle y demeure avec l'autre moitié. 

La découverte des ruches a permis de comprendre mieux à la fois le comportent des insectes et le processus de fabrication du miel, mélange de nectars. En butinant, les abeilles récoltent le nectar dans leur jabot. En arrivant à la ruche, elles le transmettent à une autre abeille avant de repartir butiner. Ce liquide passe d'abeille en abeille, s'enrichissant des enzymes que chacune sécrète. La transformation permet au nectar de se déshydrater et, donc, de s'épaissir, tout en lui apportant par les enzymes ses vertus antiseptiques. La dernière abeille ouvrière de la chaîne est celle qui dépose dans des alvéoles, parfaitement octogonales, le miel sur quoi, une fois mûr, elles posent un opercule de cire pour le protéger. Le miel a vocation à leur servir de nourriture pour tenir durant l'hiver.

Le rôle de l'apiculteur

Pour Didier Ducauroy, le rôle de l'apiculteur est celui de 'bee keeper', le gardien des abeilles. Il est là pour accompagner le travail des abeilles et de les protéger. "Dans l'état actuel des choses, si les abeilles étaient livrées à elles-mêmes dans la nature, elles ne survivraient pas longtemps" explique-t-il.

Didier Ducauroy, comme beaucoup d'apiculteurs, prend le parti de ne presque pas intervenir à l'intérieur de la ruche. Il ne récolte que le surplus de miel que les abeilles stockent au deuxième étage de la ruche, dans le 'grenier'. Les cadres de la maison mère ne sont nettoyés et remplacés que ponctuellement, pour maintenir l'état sanitaire de la ruche et parce que "les abeilles adorent construire, ce sont des travailleuses acharnées", souligne Didier.

Il essaie de les déranger le moins possible mais Didier Ducauroy explique tout de même l'importance pour l'apiculteur d'enfumer – par réflexe, les abeilles descendent se gaver de miel pour fuir l'endroit menacé par le feu, ce qui inhibe leurs réflexes défensifs et, donc, les rend moins agressives – et de ne pas se tenir devant l'entrée, sorte de « piste de décollage » des abeilles. 

La réserve Paule Lapicque

Après la visite des ruches, les participants sont redescendus au bâtiment d'accueil de la réserve où Elena Lombart, guide pour l'association Bretagne Vivante, a fait découvrir les abeilles solitaires. Contrairement aux abeilles sociales, qui vivent en colonie et dont nous consommons le miel, ces dernières, qui représentent 90% des hyménoptères, vivent isolément et ne piquent pas. Leurs formes et leurs couleurs sont très diverses, à tel point qu'on ne les reconnaît pas comme des abeilles à proprement parler.

Cette dernière intervention s'est poursuivie par une visite de jardins aromatiques pédagogiques et l'après-midi s'est conclue dans la bonne humeur.


Mikaël Faujour

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